Internet à portée de clic pour les non-voyants

L’antenne régionale du GIAA inaugure sa salle de formation Internet à la fin du mois.

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« Nos adhérents pourront venir et faire ce qu’ils désirent sur le Net », lance Béatrice Alessandrini, la directrice régionale du Groupement des intellectuels aveugles ou amblyopes (GIAA) (1). Le 30 septembre prochain sera inaugurée la salle de formation à la navigation sur Internet. Peu connu du grand public, le GIAA a le mérite de vouloir faire bouger les choses. Installée depuis 1980 à Bordeaux, au 14 de la rue de la Réole, l’antenne régionale du groupement permet aux déficients visuels adhérents d’avoir accès à la culture grâce notamment à sa bibliothèque sonore.

Gommer les différences

Remontons un peu le temps. C’est en 1949 à Paris que le GIAA voit le jour. À l’origine, un groupe d’étudiants aveugles et mal voyants à la recherche de personnes voyantes pour leur lire des ouvrages. « Le mot « intellectuels » nous dessert quelque peu aujourd’hui, raconte Jean Chanteloube, trésorier. Les étudiants qui ont créé cette association étaient en effet des admirateurs des écrits de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. Il est vrai qu’aujourd’hui, ce terme a une dimension plus élitiste qu’à cette époque. »

Béatrix Alessandrini, directrice de l’antenne Aquitaine, a un mot d’ordre : gommer les différences. « Ce n’est pas parce que nous ne voyons pas ou mal que nous ne pouvons pas avoir accès à l’information, explique-t-elle. C’est pour cela que le GIAT donne la possibilité de se former à Internet, un outil devenu indispensable. On leur apprendra à connaître le clavier par cœur, chose indispensable. Ensuite, l’internaute est guidé par la voix du logiciel. »

Adieu le braille ?

Outre la formation web, l’association, reconnue d’utilité publique depuis 1959, offre à ses 250 adhérents la possibilité de retranscrire les textes de leur choix grâce au logiciel « Daisy » (Digital Accessible Information System). « L’aide aux étudiants est notre mission première, précise Béatrix. Cela passe par la numérisation des manuels avec une transcription fournie en braille ainsi qu’en audio. »

Les transcriptions sonores sont devenues monnaie courante tandis que le langage inventé par Louis Braille au XIXe siècle tombe peu à peu en désuétude. « Pourquoi se priver des récentes innovations technologiques permettant d’améliorer notre quotidien ? » souligne la directrice.

Des bénévoles impliqués

Pour cela, des lecteurs bénévoles triés sur le volet enregistrent des ouvrages chez eux, d’autres s’occupent de vérifier la transcription manuscrite lors de la numérisation dudit livre dans les locaux. Depuis deux ans, Claude, retraité, vient une fois par semaine s’acquitter de cette tache. « Je suis une personne qui a besoin de voir du monde. Cela me plaît de me rendre utile et l’ambiance est très conviviale ici. »

Dans la pièce voisine, Jonathan et Nicole, le nez dans leur écran d’ordinateur, s’occupent de la finalisation. Une dernière vérification du manuscrit pour ensuite graver l’ouvrage. Une fois le CD inséré dans un « victor », sorte de mange-disques perfectionné, son auditeur pourra à son gré choisir sa page, reculer d’une phrase ou d’une minute. « Ils ont créé des modèles pour les MP3 pas plus gros qu’un paquet de cigarettes », confie la directrice.

À l’étage, la bibliothèque compte plus de 6 000 ouvrages enregistrés sur CD : romans, manuels universitaires. Le format cassette audio demeure toujours. Avec la future salle de formation, il est loin le temps où les jeunes étudiants se faisaient lire Sartre. Il y a des progrès et c’est tant mieux.

(1) www.giaa.org

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