ÉDITO
La vie des associations n’est pas de tout repos. Toute personne ayant vécu une expérience auprès de l’une d’elles, sait à quel point elles peuvent être exposées à des turbulences, des changements mais aussi de grandes satisfactions.
Le GIAA Nouvelle-Aquitaine ne déroge pas à la règle et a connu ces derniers mois un grand bouleversement avec le départ à la retraite de sa directrice.
Succéder à Mme Béatrix Alessandrini qui, pendant plus de 20 ans a contribué à nous rendre, déficients visuels, plus autonomes dans notre quotidien, plus libres de nos choix et plus visibles dans notre société n’est pas chose aisée, j’en ai bien conscience ! Son engagement personnel et professionnel force l’admiration et le respect.
Je crois qu’une petite présentation s’impose ! Je m’appelle Anna Touron, j’ai 29 ans ; je suis atteinte d’une maladie génétique évolutive qui réduit ma vision au fil des années, je suis très malvoyante depuis presque 7 ans, suite à une brutale accélération de ma perte de vue. Malgré tout, ma formation universitaire en langues et en management interculturel ainsi que mes engagements associatifs m’ont permis de nourrir mon envie de découvrir le monde dans des domaines aussi différents que la culture, le sport et les loisirs.
Mais le plus dur était à venir…car entendre parler de la double peine : être une femme et être handicapée visuelle à la recherche d’un emploi, est une chose, le vivre en est une autre.
En effet, presque 1 femme sur 2, souffrant d’un handicap, est touchée par le chômage, soit 43%, alors que le taux de chômage global des personnes handicapées tourne autour de 18%. Est-ce cynique de remarquer que dans le domaine de la discrimination, selon le sexe, le monde du handicap et le monde valide sont égaux ? Comme si un emploi ne constituait qu’une activité occupationnelle pour les femmes. D’ailleurs, preuve en est, lors de la semaine européenne de l’emploi des personnes handicapées en novembre dernier les femmes étaient soi-disant à l’honneur. J’ai pourtant participé à divers forums et conférences et si l’emploi et le handicap était bien au cœur des débats, la situation difficile des femmes était peu évoquée.
Me voici donc arrivée au GIAA Nouvelle-Aquitaine, la tâche est grande, mais la motivation l’est tout autant. Je peux assurer, à nos partenaires et à nos abonnés, que nous poursuivrons notre travail pour défendre l’égalité des droits et l’épanouissement personnel et professionnel des personnes déficientes visuelles.
Je tiens donc à remercier Patricia Nouvel qui m’accompagne et me guide dans cette transition, ainsi que tous les bénévoles qu’ils soient correcteurs, transcripteurs, lecteurs, bibliothécaires ou accompagnateurs du Club Emploi, pour leur accueil, leur patience et leur implication. Ils sont à la fois, la mémoire, les forces vives et l’avenir de notre association et font du GIAA Nouvelle-Aquitaine un espace chaleureux et vivant.
Je vous souhaite à toutes et à tous une très bonne année 2019.
Anna Touron, Coordinatrice du GIAA Aquitaine